Le regard…
Il me regarde. Mes pensées sont sombres. Tout de moi n’est que noirceur. La chaleur des ténèbres se dégage de ma peau incandescente. Ma respiration se fait plus lourde. Il m’observe. Il se dirige vers moi. Chacun de ses pas résonnent en moi comme l’écho d’un « djembé » (tambour africain). La répercussion de cette percussion chavire la femme « djok » (forte) que je suis. Il ose me défier du regard. Moi, poto mitan que rien n’ébranle. Il me transperce de son questionnement silencieux.
Il n’est qu’a deux respirations de moi. Je vois ses pores se dilater sous l’effet de cette excitation naissante. Ses yeux parcourent chaque millimètre de ma peau. Il ose lire en moi. Il sait, il me sait. Sa main se pose sur ma joue, je suis en feu. Moi cette déesse ébène, que rien n’impressionne. Il respire ma peau. Embrasse mes sens. Je dois rester maître de la situation. Il le faut. Mon salut en dépend.
Mais dépend de quoi ? De cette armure que je me suis construite depuis toutes ces années ? De ces barrières que je m’impose pour rester digne et fière ? Ses doigts se rapprochent de mes lèvres. Son insolence brise mes défenses. Son autre main caresse cette crinière que nul n’a jamais osé toucher. Cette crinière qui effraie les plus faibles. Cette crinière qui me protège. Dont je me sers pour affirmer cette reine que je suis. Il ose. Il s’y attarde. Sa respiration est différente. La mienne danse autour de lui. Il me regarde et je sais que rien ne sera plus jamais comme avant.
Il me regarde et ose me dire :
TU ES MAGNIFIQUE…